Es-tu capable de désobéir?

Illustration : Soley & the bear

 

As-tu déjà eu cette sensation que le chemin qui t'attire part un peu sur le côté, quittant le boulevard que prennent les autres? Tu sais, ce petit chemin de traverse qui est en port-à-faux avec ce qu'on t'a appris... 

 

Dans le monde du développement personnel, beaucoup te diront que c'est bien, qu'il faut être toi et ne pas faire comme tout le monde. Prendre un chemin différent est mis en avant, surtout lorsque le sujet est instagrammable. J'ai tout plaqué pour vivre avec mon husky dans une roulotte! Fantastique. Par contre, J'ai arrêté l'unif pour devenir travailleuse du sexe, ça refroidit tout de suite, hein? Pourtant, c'est aussi une manière de faire différente, et peut-être pas moins authentique. 

 

Transgresser les règles, désobéir, repousser les limites, prendre des chemins de traverse... Finalement, n'est-ce pas le meilleur moyen pour faire des choix vrais?


Le bien et le mal

Dès le plus jeune âge, on nous enseigne que le monde moral est binaire : il y a les gentil.le.s et les méchant.e.s, le bon et le mauvais, le respect des règles et la désobéissance. Cet axe moral régit nos codes sociaux, qu'ils soient explicites (comme une loi) ou  implicites (du style On ne porte pas une chaussette bleue avec une chaussette rouge, sinon ça devient n'importe quoi). Ces règles permettent d'organiser la vie sociale, d'y trouver un certain ordre et de ne pas laisser place au chaos. 

 

Et en même temps... Les choses ne sont pas si simples. Et si je mens pour protéger quelqu'un?  Et si je ne respecte pas le code de la route mais que cela n'engendre aucun accident? Et si je blesse physiquement quelqu'un pour protéger une autre personne d'une mort certaine? 

 

L'article hyper méga intéressant de la journaliste Geneviève Ruiz (Transgresser, c'est humain) t'invite à prendre de la distance avec les notions de règles, de limite. Je pourrais citer plein d'infos beaucoup trop géniales de cet article (comme un adulte ment en moyenne 2,5 fois par jourle jeune enfant ne peut pas apprendre à penser par lui-même sans désobéir ou encore le fait de désobéir aux normes sociales aurait pour origine un mécanisme neurologique), mais je n'en ferai rien. Pour aujourd'hui, je mets en avant une seule info, THE info. Attention, choc dans 3, 2, 1...

Les ados rebelles d'hier sont les entrepreneur.e.s d'aujourd'hui

Quand j'ai lu cette partie de l'article, je me suis dit Ouate de phoque? Mais oui, c'est évident!  Difficultés à respecter certaines normes imposées par les adultes, sentiment d'injustice et d'incompréhension du monde, remise en question des codes, le tout conjugué à une grande autonomie et un besoin de liberté, ce sont les aspects de la personnalité de certain.e.s ados qu'on essaie d'étouffer à travers des limites, des non, des règles à respecter sans se poser de question. Pourtant, c'est aussi ce qui fait que certaines personnes développent des capacités d'entreuprenariat. En tout cas, c'est ce que montre une étude de psychologie suédo-allemande. Ça te parle, mon précieux? Moi oui! 

Conclusion : ne pas se conformer aux normes, c'est aussi oser se lancer, faire différemment, et pourquoi pas créer son entreprise. 

Mon expérience

Aujourd'hui, on me demande de témoigner de mon parcours dans les écoles, pour montrer qu'être un "profil atypique" peut être synonyme de réussite et d'épanouissement. Aujourd'hui, mon métier de facilitatrice de changement consiste souvent à aider les autres à prendre des chemins de traverse. Toutefois, au-delà de ces réussites actuelles, il y a aussi un passé de questionnements lourds, de remises en questions profondes et d'un putain de sentiment d'échec. 

 

Flashback : six mois après avoir été diplômée en tant que prof de français, je me suis rendu compte que je détestais le système éducatif et qu'il était impossible pour moi de continuer dans cette voie.

Après plusieurs années de bons et loyaux services dans le monde associatif, j'ai compris que je vendais mon âme, mon temps et mon énergie à un organisme géré par des personnes inhumaines. Je leur ai flanqué mon CDI temps plein à la gueule, sans avoir ni poire pour la soif ni roue de secours.

J'ai persévéré et je suis revenue à l'enseignement, plusieurs fois. A chaque fois, je tombais de plus en plus bas. Compétences, expériences : sur papier j'avais TOUT. Mais rien n'allait, rien ne me convenait. Probablement parce que j'avais oublié un ingrédient essentiel, allant au-delà de mon CV : ma personnalité (et là je revois l'ado que j'étais, qui est encore en moi et que j'écoute à nouveau). 

 

1er avril 2018 : je transgresse un million de "règles" (de croyances limitantes, en fait) et je m'inscris comme indépendante et demande un n° d'entreprise (sans vraiment savoir ce que je faisais ni avoir de réel projet). Mais je savais que c'était juste. De fait : la meilleure décision de ma vie, le choix le plus libérateur, l'option qui correspondait à qui j'étais vraiment.


Conclusion

L'idée ce n'est pas de te faire penser Mais oui Kate on sait : tu es indépendante, bravo. Ce que je souhaite partager avec toi c'est que  transgresser des normes est parfois libérateur, voire révélateur. Bon, parfois ça peut être un casse-gueule total, mais pas forcément. Alors, la prochaine fois que tu penses Oh non ça c'est une limite à ne pas franchir ou que tu invites ton ado à réfléchir aux règles à respecter, souviens-toi que tout n'est pas soit bon soit mauvais. Il existe peut-être des perspectives que tu n'envisages pas encore en ce moment mais qui (te) seront bénéfiques plus tard. Bref, ne tue pas dans l'œuf ce qui pourrait être le meilleur choix de ta vie sous prétexte qu'il faut obéir aux règles, à ce que tu crois être des règles.

 

Et toi, c'est quand la dernière fois que tu as désobéi? Etait-ce une bonne expérience? Kiss, 

Kate_

 

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