Tu connais La petite bédéthèque des savoirs mon précieux? C'est une collection de mini-BD sur des thèmes divers et variés, vachement bien foutue, écrite par des expert.e.s en la matière et illustrée par des artistes de talents.
Aujourd'hui, je t'emmène dans le n°28 de cette série (la lumière baisse, ma voix devient grave), pour appréhender (ton cœur palpite...) l'histoire du (tu as le souffle court...) ... BURN-OUT! MOUAHAHAHAHA!
*** Ici, on parlera de burn-out comme étant un épuisement professionnel. Les auteures n'abordent pas l'épuisement parental. ***
1. "Consummatum est"
Cela fait des mois que j'ai lu cette info et aujourd'hui elle me choque toujours tellement elle est dingue. A ton avis, de quand datent les premiers cas de burn-out recensés dans des archives? 1920? 1850? Allez, 1789?
Et bien, dès la première page de ce bouquin, révélation : entre le IIIe et le IVe siècle! En effet, un mal récurrent est apparu chez des Pères chrétiens (souvent des moines copistes) : bon nombre d'entre eux se voyaient frappés d'une maladie qui les épuisait, les démotivait, les démoralisait... Pour parler de ce mal, les Pères utilisaient l'expression Consummatum est. Traduction : "Tout est consumé".
Je trouve ça complètement fou : l'étiquette utilisée à l'époque pour désigner cet état et celle utilisée aujourd'hui font toutes les deux références au feu, à la consumation, au fait d'être et de se sentir cramé.e de l'intérieur.
Tu veux une info encore plus ouf que ça? Les moines copistes victimes de cette maladie étaient souvent ceux qui étaient les plus dévoués et investis dans leurs tâches, les meilleurs travailleurs. Cela te parle, mon précieux?
2. Se dévouer, douter, bruler
Maintenant que je le sais, cela me parait évident, mais ce n'était pas le cas avant : beaucoup de personnes victimes d'un burn-out sont intérieurement incendiée par leur dévouement à quelque chose ou à quelqu'un. Ce surinvestissement (né de bonnes intentions, de valeurs, de principes moraux) peut créer des doutes et des frustrations, entre autres à l'origine de l'épuisement.
Note de la rédaction : L'idée n'est pas de dire que les burnies sont des personnes qui ont font trop, qu'elles n'avaient qu'à freiner avant, qu'il fallait partir en weekend plus souvent plutôt que de lire ses mails du boulot à la maison, blablabla... Non. L'idée, c'est de dire que les burnies sont les personnes dont une fucking entreprise devrait prendre soin car il s'agit des travailleurs et travailleuses qui la font vivre et évoluer le mieux.
3. Ton burn-out, une stratégie finement étudiée
Les personnes en burn-out parlent souvent de perte de repères et de valeurs, de changements trop rapides, de "toujours plus de nouvelles tâches à faire le plus vite possible". En fait, habituer les travailleurs et travailleuses à des changements réguliers dans leur boulot, c'est une stratégie de management. L'idée, c'est que tu fasses ton job mais sans en être véritablement expert.e, puisqu'il change tout le temps. En quelques sorte, on te "dépossède" de ton expérience professionnelle. Et ces changements réguliers, rapides, rentables, c'est justement un des facteurs menant à l'épuisement.
Mettre les employé.e.s dans cet état de "cul entre deux chaises" permanent, c'est clairement une volonté managériale apparue il n'y a pas si longtemps que ça (#industrialisation) entre autres pour empêcher les gens de se rebeller (#syndicat). Le problème, c'est qu'aujourd'hui, c'est devenu la norme. On a, en quelque sorte, oublié que cela pouvait se passer autrement. Alors on trouve ça normal qu'un.e prof reçoive ses horaires et attributions la veille de la rentrée. On trouve ça normal qu'une ASBL doive jeter à la poubelle un projet A (qui marchait super bien) et doive réinventer un projet B pour correspondre à une enveloppe budgétaire. On trouve ça normal que le travail soit synonyme de labeur.
Mon avis
La vie professionnelle n'est pas faite de grand.e.s méchant.e.s patron.ne.s qui dirigent le monde et de pauvres petit.e.s employé.e.s qui souffrent. Enfin si, ça existe, mais ce n'est pas l'idée ici.
L'idée, c'est surtout de montrer comment on en est arrivé là aujourd'hui : quelles logiques managériales sous-tendent nos croyances professionnelles, finalement? Rho comme je parle bien.
Bref, une super BD qui retrace le pourquoi du comment et qui n'est pas un guide de conseils. Si tu veux en savoir plus sur les stratégies managériales qui ont mené à la situation actuelle, fonce! Mais si tu es en plein burn-out ou encore sensible à ce sujet, je te déconseille cet ouvrage pour le moment. Perso, je ne suis plus une burnie depuis un moment mais ça a quand-même fait remonter pas mal de colère et de sentiments d'injustice et d'incompréhension face aux bullshits que peuvent promouvoir certain.e.s patron.ne.s. A lire à tête et cœur reposé.e.s, quoi.
N'oublions pas que l'on peut travailler autrement, mon précieux.
Des bisous!
Kate_
Écrire commentaire