Quand je pense à septembre, je vois des familles affairées de grand matin, des papas et des mamans qui vérifient que Lucas a bien les deux mêmes chaussures et que Marylou a bien son sac de piscine sinon madame-va-encore-mettre-un-mot-au-journal-de-classe. Je vois des businessmen and women qui sortent de chez eux, mug en main, fumant de café chaud, alors qu'il fait encore noir dehors. Je vois les fameuses vestes "de mi-saison", des pulls couleur rouille et des nez qui coulent… Cela vous parle?
Bref, je regarde septembre et j'y vois des choses paradoxales. On reprend l'école, avec de nouvelles matières, de nouveaux copains/copines, de nouveaux buts pour l'année. On reprend le boulot, avec de nouveaux dossiers, de nouveaux objectifs à atteindre. On reprend le sport, on s'inscrit chez Basic-fit ou à "Je cours pour ma forme". Après tout on dit que Septembre est un 2e janvier, non? On se doit d'avoir la patate. La frite. La pèche. La banane.
Mais septembre, c'est aussi le mois où les jours raccourcissent (bon OK ils raccourcissent depuis un moment mais en septembre ça se remarque de ouf), le mois où la nature ralentit. C'est un mois qui nous invite au sommeil et à la lenteur.
Pourquoi s'impose-t-on ce rythme de rentrée qui ne semble pas naturel?
Alors on peut dire Ouiiiii c'est la sociétééééé on n'a pas le chwaaaaa… Mais en fait, non. La vérité : on le fait tout le temps. Genre, on a (pour beaucoup de personnes) deux jours entiers de weekend et on va aller les bourrer de trucs à faire avec une to-do list aussi longue qu'une saga de Christian Jacq (Cricri, si tu nous lis…) pour se dire, le dimanche soir Ouiiiiinnn j'ai pas eu le temps de me poser, je vais arriver crevé.e au boulot lundi. Mais allez! C'est pas un peu contre-productif ça? Je dirais même, contre-reposant?
C'est pareil pour les vacances. On prend quelques jours à l'étranger parce que Thaïs et Mattéo ont été difficiles ces derniers temps et qu'on n'a pas pu avoir de temps pour soi ou pour notre couple, et qu'est-ce qu'on prend avec? Thaïs et Mattéo.
On veut faire cucul-plage au soleil et profiter du farniente, et qu'est-ce qu'on prend avec? Une pile de 4 bouquins de développement personnel qu'on ne lira de toute façon pas (on le sait dès le début qu'on les lira pas, on le sait).
On veut se déconnecter des écrans parce qu'après deux ans de télétravail on n'en peut plus et, le soir, qu'est-ce qu'on fait? On n'écoute pas son amoureux pendant le repas parce qu'on passe 20 minutes à chercher LE bon filtre Insta pour poster les photos de nos "super" vacances.
On a une furieuse envie de ne rien foutre du tout mais pour "profiter" du pays qu'est-ce qu'on fait? Des visites de musées ou d'expo d'art contemporain alors qu'on n'y pige rien et qu'on s'en fout que le mec ait peint avec ses mains dans le dos et la tête en bas, moche c'est moche c'est tout.
On a financé des vacances pour retomber dans les mêmes travers qu'à la maison, mais 2500km plus loin (un mini-parasol dans le cocktail en cadeau).
Les gens, enfin!
Tuer le temps
Je ne critique pas. Je sais, on dirait, mais non. J'ai fait ça longtemps. Et encore, j'ai pas de gosses… Mais ce sur quoi je veux attirer l'attention, c'est l'absurdité du truc. C'était quand la dernière fois que vous avez dit, après un weekend ou des vacances, haaaaaa j'ai bien rechargé mes batteries! Maintenant, je suis en pleine forme! ?
C'est rageant comme j'ai raison, hein? Oui je sais on me le dit souvent. Mais avant de tout envoyer péter pour aller élever des chèvres à la montagne, on peut quand-même reprendre le contrôle de certaines choses, non? Genre, nos croyances par rapport au temps.
Par exemple, les mots que nous utilisons sont assez révélateurs. Soyez attentifs/ives à cela dans les prochains jours : quelles sont les expressions que vous utilisez régulièrement et que vous dites sans vous en rendre compte? J'ai pas le temps de lire ce bouquin ou Je prends pas le temps de lire ce bouquin? Le temps, c'est de l'argent, selon vous? Est-ce que vous pensez que les temps sont durs?
Les Papas et les Mamans, je vous conseille vivement la lecture de Le jour où j'ai cessé de dire Dépêche-toi! qui remet en question certaines de nos croyances et surtout celles que vous pourriez marquer au fer rouge dans la tête de vos enfants.
L'important, c'est l'ennui
Super, Kate, mais que faire alors? Me dites-vous. Oui, je vous entends jusqu'ici. Peut-être pouvons-nous (et moi la première) prendre le temps de nous ennuyer un de ces jours? On fait une grosse croix dans le calendrier et on écrit sur sa to-do list : RIEN, QUE DALLE, NADA, comme vous voulez. D'autant plus que dimanche, c'est la journée sans voiture à Bruxelles. Ami.e.s de la capitale : CE WEEKEND? GLANDAGE AU PROGRAMME!
D'autant plus que l'ennui est mère de créativité, comme le dit le proverbe. En fait ça n'existe pas, mais je trouve que ça résume bien l'idée de certaines études réalisées sur la créativité des enfants. En d'autres termes, se faire chier ça stimule notre imagination. Et au temps des écrans et des amitiés 2.0, ça peut peut-être faire du bien.
Du coup, à la prochaine pause-café, quand Pierre-Akhim vous demandera ce que vous allez faire ce weekend, vous pourrez répondre : rien. Mais vraiment rien. Je vais m'ennuyer et c'est super.
Allez, bon apéro les loulous.
Kate_ is Faction
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