En fait, vous n'êtes pas gentil.le.s

Aujourd'hui, on s'attaque à un gros morceau... Vous aurez bien mérité votre apéro après ça. 

 

En grandissant, on entend souvent qu'il ne faut pas faire à autrui ce que l'on n'aimerait pas que l'on nous fasse. En soi, c'est un bon principe, car il permet de poser des limites et de définir un cadre moral autour de nos actes.

Toutefois, quand on y réfléchit, cela signifie que je ne dois pas faire de mal à quelqu'un car je crains qu'on m'en fasse un retour. Par pur égoïsme, donc.

 

Alors, un acte de bonté, ça n'existe pas? 

 

Depuis longtemps, je me pose cette question et je ne peux me résoudre à y répondre de manière univoque. Puis-je poser un acte dont l'entier bénéfice reviendrait à une autre personne, de manière totalement gratuite et désintéressée? Bon, cela pourrait être une question pour un mémoire en faculté de philo, mais j'ai quand-même envie de la partager avec vous. Appelez-moi Kant. 

 

Pendant mes études, les cours de psychologie m'ont démontré que l'être humain est avant tout un être social. C'est une des premières caractéristiques qui nous définit. Nos pensées et comportements se déterminent en fonction de notre relation aux autres, de notre environnement. Souvent, nos comportements sont inconsciemment adoptés pour assurer notre survie et celle de notre espèce. 

 

Si l'on suit ces principes, un acte "bon" soi-disant dirigé vers l'autre pourrait être purement égoïste. Si j'aide une personne qui vient de se rétamer devant moi, est-ce uniquement parce que j'aimerais que l'on fasse de même si j'étais dans la même situation? Et si je saute à l'eau pour sauver une personne de la noyade (perso je serais plutôt celle qui hurle dans tous les sens car je nage aussi bien qu'un pavé qui a la mononucléose)? Et si je fais des enfants (attention je sens la vague de protestation arriver hahaha), est-ce pour que quelqu'un s'occupe de moi quand je serai aussi vive qu'une branche de céleri oublié dans le frigo? Je ne plaisante pas; quand je dis que je ne veux pas d'enfant (car non, je ne veux pas d'enfant), un commentaire sur deux est "Oh, mais qui va s'occuper de toi quand tu seras vieille?". Je suis sérieuse. 

 

C'est aussi ce que nous enseigne certaines personnes dans la religion catholique (attention, on se vexe dans 3, 2, 1...) : tout ce que tu fais sera jugé par l'Eternel et en fonction de ça tu iras en Enfer ou au Paradis. Il y a même une motion spéciale pour les gosses : les Lymbes (si vous ne connaissez pas, renseignez-vous : c'est plus trash qu'une chanson de Dimmu Borgir). C'est bien la preuve que j'adopte des comportements envers les autres pour moi uniquement. 

 

Honnêtement, je me torture l'esprit avec cette question depuis des années. Dès que je peux observer un acte de bonté, je l'analyse pour savoir s'il s'agit de bienveillance à l'égard d'autrui ou un vieux réflexe inconscient de notre cerveau reptilien pour assurer la survie de l'espèce. Et vous savez quoi? A chaque fois, à chaque fois, il m'est impossible de répondre à cette question. C'est 50-50, fifty-fifty, moit'-moit'. Frustration bonjouuurrr. 

 

Alors, j'ai pris une décision. J'ai décidé de ne plus jamais être gentille avec qui que ce soit. Hahaha non je déconne. J'ai décidé de choisir comment interpréter les comportements de bonté. Repensez à Robin Williams dans Le cercle des poètes disparus (le film préféré de tous les profs de français) : qu'enseigne-t-il à ses étudiants? Il leur apprend à changer de vision, à voir et faire autrement, à hacker les filtres par lesquels on perçoit le monde. Bref, à changer de lunettes pour voir la vie en rose, en bleu, ou en paillettes dorées. Cœur sur toi Robin. 

C'est exactement ce que j'ai décidé de faire : j'ai choisi de croire que les actes de bonté peuvent être sain et saint. J'ai choisi d'avoir foi en l'être humain. Naïve? Peut-être... Mais, depuis que mon cerveau est connecté à cette vision de la vie, vous savez quoi? Des actes bons, j'en vois partout. Tout le temps. Et moi, ça me redonne le sourire et aussi l'envie de faire, à mon tour, des actes bons. 

 

Si tout le monde voyait les choses comme ça, le monde ne serait-il pas meilleur? Pour ceux et celles qui ne me connaissent pas encore, non je ne suis pas une hippie, loin de là. Je fais ce qui est en mon pouvoir pour que les gens aillent mieux et pour, moi aussi survivre dans ce monde. 

 

Mais, attendez... Si je fais tout ça pour survivre dans ce monde, c'est donc que je suis préoccupée par ma propre personne. D coup, c'est un peu un acte égoïste, non? Et mer**, c'est reparti.  Bon, apéro? 

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